Επιμέλεια: Εύα Πετροπούλου Λιανού
Alexandra Cretté, editorial director of La Revue Littéraire Oyapock. I live in french Guiana, between Brasil and Suriname, in South America. We produce poetry about caribbean and amazonian areas. Plurilingual poetry with a decolonial point of view. The poem has been publisehd the 23th november 2023, in a poetical Anthology of our éditor Atlantiques Déchaînés. Anthologie de la Revue Oyapock.
Exilés
Aux estuaires craintifs
et après avoir affronté
mille morts administratives
ils parvinrent aux portes de la Cité
Là, nul palais de marbre
nulle cathédrale de plomb et de vitrail
Mais de longues avenues où marcher pieds nus sur le sol
brûlant
dans le sillage d’anciennes
armées discrètes.
Ils tentèrent d’investir
les maisons vides
les abris de forêt
les plages entrecoupées de mangrove
et au milieu de tout un peuple
tranquille
ils disparurent
Ils disparurent petit à petit
La légende des pieds invisibles
qui ne laissent que trace
sombre au pas de l’hôpital
et que trou anonyme au cimetière municipal
Ci-gît l’homme qui passa
parmi les autres
sans aborder l’ourlet de nos vies
héritières de paroles
et sans oreilles pourtant
– comme recouvert par la musique de la forêt-
-par des chansons de femmes
infidèles-
– par des héros de pacotille-
Ce fut une disparition magique
et inéluctable
triste et à peine entr’aperçue
Une fillette mange une orange drue
et traverse la rue
elle se faufile dans
sa volonté de disparaître à mes yeux
Et dans un demi soleil de sa joue
c’est ce qu’elle fait
Petite déesse de la disparition.
Exiles: poem translated by Alexis Benaut
Timid at the estuaries
and after having faced
a thousand administrative deaths
they arrived at the city gates
No marble palace there
No cathedral of lead and stained glass
But long avenues to walk barefooted
on a burning
ground
in the wake of ancient
discrete armies
they tried to break into
empty houses
forest shelters
beaches interspersed with mangrove
and amid a peaceful people
they vanished
They vanished bit by bit
The legend of the invisible feet
which leave but a dark
trace on the hospital steps
but a nameless hole in the public cemetery
Here lies he who came
among the others
without ever touching the hem of our lives
our lives and their legacy of words
earless yet
who came – covered
– by the music of the forst
– by the songs of unfaithful women
– by sham heroes
It was a magical and inevitable
disappearance sad and barely even seen
A little girl eats a rough orange
she crosses the street
she sneaks in
her will to disappear from my sight
And in the half-sun of her cheek
she does
Little goddess of disappearance.
Bio: Alexandra Cretté, née à Aubervilliers le 17 mai 1978, est professeure de lettres modernes en Guyane depuis dix-huit ans.
Syndicaliste, anticolonialiste, féministe, fondatrice et directrice depuis 2020 de la Revue Littéraire
Oyapock. Coordinatrice Guyane pour le Mouvement Mondial de la Poésie depuis 2022. Elle reçoit la
Mention spéciale du Prix International de poésie Balisaille pour son recueil Par le regard de ces autres
mal nés en mai 2023.
Elle publie en novembre 2023, avec les auteurs et autrices de la Revue, une Anthologie de la Revue
Oyapock.
Elle a été invitée au 33ème Festival International de Poésie de Medellin, au 17ème Festival International
de Poésie de Caracas et à la troisième édition du Festival International Mai Poésie en Martinique.